STOCKHOLM ROYAL SEAPORT
La régénération circulaire
En premier lieu, il est important de considérer que 90% des échanges mondiaux se font par voie maritime. Les ports constituent donc une avenue intéressante pour accroitre la résilience face aux changements climatiques. Cependant, pour pouvoir constituer une arme aux changements climatiques, ces zones industrielles doivent être considérés comme des systèmes à part entière et non pas comme de simples zones industrielles. Elles doivent être construites d’une manière à optimiser la consommation et la gestion des ressources à travers le principe de la régénération circulaire.
Pour que ce concept puisse bien fonctionner, il doit fonctionner selon la logique des trois piliers du développement durable, soit l’économie, l’écologie (environnement) et l’équité, ou l’aspect social. Dans le cadre du concept de la régénération circulaire, il est possible de mettre ces piliers en relation selon le schéma suivant :
Figure 15: Les piliers du développement durable
Ensuite, il est important de mentionner qu’il n’y a pas de solution unique pour parvenir à améliorer la résilience des villes face aux changements climatiques. La régénération circulaire en est une, mais il est possible d’en déterminer plusieurs autres en fonction des critères de la ville écologique idéale :
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Économie locale basée sur des ressources locales
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Maximiser l’efficacité de l’utilisation de l’eau et de l’énergie tout en faisant la promotion de la conservation des ressources
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A un système de gestion des déchets responsable et fait la promotion du recyclage dans le but de créer un environnement zéro déchet.
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Promouvoir l’utilisation de l’énergie renouvelable dans le but de devenir carboneutre.
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Est une ville urbaine bien conçue qui encourage la mobilité durable
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A des logements appropriés pour tous les groupes socio-économiques et améliore les opportunités d’emplois pour les minorités
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Supporte l’agriculture locale
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Supporte l’évolution future et l’expansion
En fait, ces critères correspondent bien à la ville de Stockholm puisqu’il s’agit d’une des capitales les plus propres d’Europe. C’est également une des villes très focalisée sur l’évolution et le progrès puisqu’elle n’en est pas à son premier projet d’écoquartier. En effet le quartier du SRS constitue l’évolution du quartier Hammarby dans lequel les qualités d’une ville écologique parfaite sont encore plus mises en valeur. Dans cet esprit, la ville de Stockholm prend la position que son développement doit être robuste dans le temps et qu’il doit faire une utilisation efficace des ressources naturelles.
C’est pour toutes ces raisons que la ville de Stockholm a fait le choix d’adopter le principe de régénération circulaire. C’est un concept qui fait appel au système urbain comme écosystème artificiel contenant des sous-systèmes interdépendants. Dans le cas du SRS, ce sont les sous-systèmes résidentiel, commercial et industriel Ces derniers fonctionnent et se déroulent du niveau local à l’international. Cet écosystème artificiel génère des ressources et produit des déchets à un certain rythme qui permet de définir une capacité de support à l’image d’un écosystème naturel. La régénération circulaire cherche donc à réduire la pression sur l’écosystème et sa capacité de support par le biais de la gestion efficace des ressources, par l’élimination du gaspillage, par la régénération écologique ainsi que par le renouveau urbain. Un résultat important de ce principe est la réduction de l’empreinte écologique du milieu qui l’adopte en raison de la réduction de la pression sur l’écosystème.
L’écosystème et les sous-systèmes ont trois capacités circulaires afin de réduire la consommation de ressources et la production de déchets : bouclage, régénération et adaptation.
La capacité de bouclage vient réduire la consommation de ressources non-renouvelables et le gaspillage de ressources en venant fermer le cycle d’utilisation unique de ces ressources. Les mécanismes utilisés sont la réutilisation, le recyclage et la récupération d’énergie. Les mécanismes de bouclages offrent plusieurs bénéfices, tel que l’augmentation de l’efficacité des processus de production, une économie monétaire en plus de permettre la création de nouveaux emplois.
La capacité de régénération vient restaurer les services écosystémiques permettant une meilleure assimilation des déchets produits et une meilleure production de ressources locales. Quelques exemples de services écosystémiques sont le recyclage permanent des nutriments, la régulation des inondations et la séquestration du CO2. L’écosystème naturel produit des ressources essentielles pour la société que ce soit la nourriture ou l’énergie. La perte de ces services et ressources cause un stress pour le milieu urbain en plus d’affecter la santé de la population.
La capacité d’adaptation permet à l’écosystème d’évoluer de manière dynamique au même rythme que son contexte, ce qui assure une réduction de ressources consommées et de déchets produits. L’auto-organisation est une compétence importante afin que le système s’innove et se stabilise en réponse aux circonstances changeantes. Cette capacité est facilitée avec la présence d’un tissu urbain flexible ainsi que d’acteurs aptes à apprendre, expérimenter et s’adapter.
Pour pouvoir mesurer les impacts de la régénération circulaire il est important d’avoir une série d’indicateurs qui vont permettre d’améliorer la durabilité de la ville. Ainsi, les différentes capacités explicitées précédemment vont s’implémenter dans les sous-systèmes aux trois niveaux du processus de régénération circulaire, soit comme levier, comme action et comme résultat. Ainsi, le cadre de la régénération circulaire qui permet de déterminer le succès des indicateurs et des mesures prises sur le site du SRS s’appuie sur les capacités circulaires, le niveau d’implantation et les sous-systèmes.
Figure 16: Indicateurs de performance
En plus de ces trois principaux éléments du cadre théorique, un quatrième élément supplémentaire peut être considéré pour voir les indicateurs sous un autre angle : les actions de support. Ces dernières sont représentées sous la forme de quatre types d’actions de support, soit l’optimisation, la substitution, la localisation et le partage.
En premier lieu, l’optimisation de la consommation des ressources réduit la quantité de déchets et d’extrants des différents cycles de vie. Quant à elle, la substitution des ressources, des activités et des infrastructures consiste à remplacer progressivement les activités actuelles par des alternatives durables, renouvelables, virtuelles et basées sur des services.
La localisation est sans doute l’action de support la plus importante au niveau de l’énergie puisqu’elle en réduit la consommation. Elle a un lien direct avec le transport et les émissions associées. Il est cependant difficile d’apporter des actions de ce type dans un port étant la nature internationale de ce dernier. Enfin, le partage des ressources peut se faire à travers une multitude d’activités incluant le résidentiel, le transport et le travail. Ce type d’actions vise à réduire la consommation de ressources par habitant.
La réalisation d’actions de support peut venir améliorer une ou plusieurs des capacités circulaires du milieu. Dans le cadre du SRS, les actions de support mises en place visent surtout la gestion efficace et la consommation responsable des ressources ainsi que la localisation en raison de l’ampleur du projet. Toutefois certaines actions de moindre ampleur ont été mises en place en lien avec le partage des ressources. Comme mentionné, les capacités et les actions sont directement liées et ont le potentiel de collaborer de manière synergique afin d’atteindre l’écosystème artificiel urbain souhaité. C’est d’ailleurs l’ambition de la ville de la ville de Stockholm. En effet, la ville souhaite devenir environnementalement soutenable. C’est pour cette raison que plusieurs exemples d’action concrètes mises en place dans la ville vous seront présentées.
Figure 17: Fonctionnement de la régénération circulaire